D'Afrique en Asie ... Carnet de route

Voici mon carnet de voyage, qui me permettra de laisser mes impressions tout au long de celui-ci. J'éspère ainsi vous faire partager cette expérience, recueillir vos impressions et les nouvelles de la vie que je laisse derrière moi ... pour un temps.

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Le 1er novembre 2004, je commence un voyage de 10 mois qui me conduira vers des régions magiques que j'ai toujours voulu voir. Je veux partager avec vous ce moment de ma vie, à travers les photos et les commentaires vocaux que je posterai ici, tout au long de ce voyage.

11/05/2004

Impressions de Ouaga

Comment résumer en quelques lignes la multitude d’impressions que me laissent ces 4 jours à Ouaga ? A la veille de mon départ pour Bobodioulasso (la deuxième ville du pays), je voudrais pourtant fixer dans ma tête et dans mon cœur ces dizaines d’images qui bercent déjà mes nuits.

Au premier abord, Ouaga se montre surprenante, chaotique, incompréhensible pour nos esprits pré-formatés européens.

Une circulation indescriptible congestionne ses grands axes (les « goudrons », rues goudronnées, par opposition aux rues de terre plus ou moins battue, plus ou moins carrossables), formée par quelques voitures, camions et bus de ville essayant de se frayer un passage au milieu d’une nuée de petites motos, mobylettes et vélos grouillant tels des alevins au milieu d’une mare. Je me fais la réflexion qu’une telle circulation paralyserait n’importe quelle ville française. Mais ici, il semble que ce soit la norme. A part quelques feux rouges, rarement respectés, et panneaux STOP superbement ignorés, la règle semble être : plus je suis gros et grand, plus je suis prioritaire. Certains mauvaises langues diront que je m’y ferait très bien, et je les en remercie par avance. Mais si l’on y rajoute l’absence totale de protection pour les 2 roues, l’impossibilité de serrer sa ceinture sans déclencher le regard ahuri de l’intégralité des personnes en vue, l’absence totale de trottoirs délimitant l’espace réservé aux piétons et la présence de moyens de transports curieux (charrettes à bras poussées par des enfants, tricycles, triporteurs, vélos pour handicapés, charrettes tirées par des ânes, ces dernières ayant fâcheuse tendance à faire la course, etc.), cette circulation devient si imprévisible, si incompréhensible pour nos esprits, qu’elle en serait dangereuse pour autant que l’on ait le courage (ou la témérité) de prendre le volant. C’est donc avec un soulagement intense que je me suis laissé conduire tout au long de mon séjour ici. De fait, je m’y suis habitué et je finis par trouver une certaine « organisation » dans ce chaos apparent : il suffit, pour bien conduire, d’avoir le pied en permanence sur le frein, de ne jamais dépasser les 35 km/h et de regarder de tous côtés à la fois. Pour le reste, les automobiliste s’en remettent à Dieu, comme le démontrent les autocollants placardés sur les tableaux de bords des taxis (« Dieu seul me conduit », « Je m’en remet à Dieu » ou « En vie toujours, si Dieu le veut »). Encourageant.

Le commerce semble tout aussi chaotique pour qui n’y prête pas attention. Des milliers de vendeurs ambulants, à chaque carrefour, le disputent aux commerces « en dur » (si les cabanes en torchis alignées côte à côte sur des centaines de mètres de part et d’autre des rues de la ville peuvent être nommées ainsi), et une foule de passants déborde joyeusement sur la route, ajoutant à cette panique permanente qu’est la circulation. Ici, on vent de tout, de la carté téléphonique à la chaussure, en passant par le pneu de voiture et la faïence de salle de bains, le tout sans ordre particulier. Il n’y a aucune logique. Vous trouverez de tout partout. Ainsi, un vendeur de poulets grillés côtoiera sans aucun problème un garagiste faisant hurler un moteur diesel crachant un nuage bleuté allant ajouter au fumet des poulets et inondant d’huile le cybercafé voisin. Parce que Ouaga a négocié le virage d’Internet avec une vivacité rageuse que l’on pourrait facilement assimiler à de la vengeance. Un cybercafé tous les 100 mètres, c’est une moyenne qui peut largement être dépassée dans certains quartiers « populaires ». Une cahute ouverte aux quatre vents, deux ordinateurs hors d’âge équipés d’une carte modem, une ligne téléphonique, et voilà ! Un cybercafé s’est ouvert. Autant dire que la qualité des connexions est, sinon aléatoire, pour le moins contestable par rapport aux débits annoncés. Une heure d’Internet coûte ici entre 300 et 1250 CFA (de 0,45 à 2 euro). Une bonne adresse, d’où je poste les photos (http://www.pbase.com/tontonpg) propose une heure de connexion à 128 kbits pour 750 CFA.

Pour finir avec ces impressions, je voudrais parler des quartiers sillonnés aujourd’hui. Ces routes de terre battue défoncées longues de plusieurs kilomètres, bordées de quartiers labyrinthiques de maisons en torchis et abritant de petits marchés dont les stands ne sont guère plus que quatre bouts de bois supportant un toit de chaume, contrastent énormément avec les quartiers ministériels dotés des rares bâtiments à plusieurs étages de la ville, les quartiers en rénovation où quelques bâtiments récents se dressent au beau milieu d’un no man’s land en défrichage, les quartiers résidentiels où de jolies demeures cossues donnent sur des rues en terre envahies de pierres et des restes de leurs chantiers de construction mal nettoyés. Au milieu de ce patchwork se trouve finalement un havre de paix : le parc Ouaga. Ce parc naturel est un espace vert (oui, il y a aussi des arbres à Ouaga) assez dense, où la température chute tout-à-coup de plusieurs degrés, où l’air redevient respirable et le bruit de circulation n’est plus qu’un vague souvenir. Mon ami gendarme, Bouba, s’y retrouve pour étudier son droit, reprendre ses esprits après une journée particulièrement difficile ou tout simplement flâner, comme ce fut le cas aujourd’hui. Je me demandais comment on pouvais supporter indéfiniment la chaleur, la pollution et le bruit : j’ai, avec cet endroit, un début de réponse.

Voici que je vais quitter Ouaga pour me rendre à Bobo. D’après tout ce que l’on m’a raconté, il est probable que je vivrai une expérience totalement différente. La deuxième ville du pays a donc autant à m’apprendre que la première … Intéressant. Je ne sais si je pourrai vous laisser mes impressions aussi régulièrement qu’en ce moment. Si ce n’est pas le cas, je vous donne rendez-vous dans environ une semaine, à mon retour à Ouaga. Nul doute que j’aurai alors beaucoup à raconter …