D'Afrique en Asie ... Carnet de route

Voici mon carnet de voyage, qui me permettra de laisser mes impressions tout au long de celui-ci. J'éspère ainsi vous faire partager cette expérience, recueillir vos impressions et les nouvelles de la vie que je laisse derrière moi ... pour un temps.

Ma photo
Nom :

Le 1er novembre 2004, je commence un voyage de 10 mois qui me conduira vers des régions magiques que j'ai toujours voulu voir. Je veux partager avec vous ce moment de ma vie, à travers les photos et les commentaires vocaux que je posterai ici, tout au long de ce voyage.

11/06/2004

Voyage vers le sud du Burkina Faso

Samedi 6 novembre 2004. 5h45. Le réveil sonne. Il est temps de me lever. Aujourd'hui, je quitte Ouaga pour aller à Bobo.
7 heures. Les bagages sont prêts. Le taxi est arrivé (les employés d'OBP sont particulièrement efficaces, ils devances les demandes avec une intelligence rare). Négociation pour la SMTB (l'une des nombreuses sociétés de transport routier du pays) : 500 CFA. J'arrive à la SMTB à 7h10. Là, j'apprend que le bus est parti à 6h30 ... On m'avait dit 7h30 mais, mon bon monsieur (me dit la préposée), on est samedi aujourd'hui ! Suis-je bête. Il reste donc quoi ? Le taxi me charge 500 CFA supplémentaire pour aller à la Sogebaf. Hmmmm. On ne m'avait pas conseillé la Sogebaf. Bon, petit coup de fil à Roaslie (il est 7h20) qui me confirme : les chauffeurs roulent trop vite et il y a des accidents. Bien. Je prendrai donc la TCV. Arrivé au terminal de la compagnie, le taxi veut me charger encore de 500 CFA. Discussion, gestion de l'objection, je retrouve mes réflexes commerciaux et hop ! 0 CFA. Pas mal. Mais 1000 CFA (1,5 euro) pour cette course, c'est limite cher, surtout que j'ai du partager mon taxi avec deux autres personnes.

A ce point du récit, il faut que je vous dise qu'il y a 2 sortes de taxis : les taxis verts, où l'on négocie le prix de la course avant le départ et où l'on paye après l'arrivée (si l'on arrive, vu les poubelles roulantes que certains chauffeurs n'hésitent pas à conduire) ; les taxis à compteurs (de couleur non définie mais bien moins vétustes que les précédents), au tarif variable, non en fonction du temps passé, mais en fonction du tarif appliqué (il y a plusieurs tarifs, et je n'ai toujours pas compris comment ça fonctionnait).

7h30. Le bus démarre. Les soutes sont bondées. j'ai la place n°37. Elle m'a coûté 6000 CFA. Le bus n'est pas climatisé. S'il l'avait été, j'aurais payé jusqu'au double, selon les compagnies et la vétusté du bus. Celui-ci a l'air ... éprouvé. Ses suspension, notamment, ont du faire l'objet de tests intensifs prolongés. Qu'importe ! Le tout est d'arriver. La durée prévue du trajet est de 4h30, ce qui fait une arrivée prévue à 13h (en temps africain).

Il faut vous dire aussi que, s'il existe chez nous le temps "normal", le temps "administratif", le temps "administratif européen" et, pour certains, le temps "Microsoft", il existe aussi ici un temps spécifique (et universel) : le temps "africain". Le temps africain est très exactement, quoique pas tout-à-fait, égal au contraire du temps prévu initialement. Ainsi, 7h30 + 4h30 = 13h00. De la même façon que l'avion, dont l'arrivée initialement prévue à 4h20, a atterri à Ouaga à 6h20, le bus est arrivé à Bobo avec une heure de retard. Mais il avait des circonstance atténuantes (en Afrique, le temps est toujours assujeti à des circonstances atténuantes).

Le trajet fut en effet marqué par plusieurs événements. Tout d'abord, le passage de la douane à la sortie de Ouaga. Descente des voyageurs, vérifiaction des colis, ouverture d'un sac suspect ... paiement du droit de douane et redémarrage. 5 km après, re-belotte. Nouvelle douane. J'éspère que ce n'est pas comme ça jusqu'à Bobo ! Mais ensuite, le bus prend sa vitesse de croisière (indéfinie, tant les repères sont différents entre l'Afrique et l'Europe). La route est complètement défoncée. Il faut rouler soit à gauche, soit à droite de la chaussée. Et comme en face, les véhicules arrivant en sen inverse font de même ... Arrivé à mi-chemin, nous sommes ralentis par un convoi militaire roulant à sa propre vitesse (administrative ? africaine ?). Nous ralentissons fortement pendant plusieurs dizaines de kilomètre jusqu'à ce que, sous la pression des usagers et de la vessie des militaires, le convoi s'arrête et nous laisse passer.

Au bout de 2 ou 3 heures de route, nous nous arrêtons pour une pause de 15 minutes dans un village apparemment composé uniquement d'un marché. Immense. Bruyant. Presque agressif. Entouré et pressé de toutes parts, il me tarde de repartir.

Ce qui est remarquable, c'est le changement de végétation. D'un rouge ocre dominant, nous passons à un joli vert. Des champs de coton (à 80km au nord de Bobodioulasso), des arbres, principalement des eucalyptus ici, bordent une route de plus en plus mauvaise (abîmée par des mois de mousson) mais, paradoxalement, de plus en plus agréable. Parallèlement, le relief change. D'une plaine, nous passons à une succession de collines. Elles apportent une touche de diversité qui me plaît. Autres éléments spécifiques de la nature : l'eau. Des étangs, recouverts de nénuphars et de lotus, apportent encore un peu plus de diversité, si besoin était. Les changement a beau être très progressif, il n'en reste pas moins notable, plus notable que le changement de température (nous perdons environ 2°, pour arriver à 35°C). Intéressant.

A 13 heures, me voilà au centre ville. L'entrée de Bobo est symbôlisé par une arche de bienvenue. Peu après, la route (extrêmement étroite si l'on considère uniquement le goudron, mais bien large si l'on compte la terre battue) se termine sur une place. Derrière et à droite de cette place, les boulevards (4 voies - non symbôlisées - et terre-plein central). Au centre, une statue de femme tenant un balais (!). Il y a une plaque au pied de la satue. Je regarde : "Place de la Femme". Eh bien, soit c'est de l'humour, soit le MLF n'a ici aucun pouvoir ! Le centre ville est organisé en triangle avec à un sommet, la gare d'inspiration mozarabe, et aux autres sommets, 2 places : la place du paysan (avec une statue de paysan tenant une éspèce de grattoir), et la place de la nation (sans statue particulière, autant qu'il men souvienne). Au milieu de ce triangle, le grand marché (un souk inextricable dont je reparlerai plus tard) et la cathédrale. Tout ceci fera l'objet d'une balade exhaustive dès demain.

Pour l'instant, je suis arrivé à Bobodioulasso. Le voyage peut continuer.