D'Afrique en Asie ... Carnet de route

Voici mon carnet de voyage, qui me permettra de laisser mes impressions tout au long de celui-ci. J'éspère ainsi vous faire partager cette expérience, recueillir vos impressions et les nouvelles de la vie que je laisse derrière moi ... pour un temps.

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Le 1er novembre 2004, je commence un voyage de 10 mois qui me conduira vers des régions magiques que j'ai toujours voulu voir. Je veux partager avec vous ce moment de ma vie, à travers les photos et les commentaires vocaux que je posterai ici, tout au long de ce voyage.

11/23/2004

Djenné, mardi matin

Il est 4 heures du matin. Le bus Bamako – Mopti vient de me laisser au carrefour de Djenné. La ville est à quelques 30 km d’ici. Il fait très froid. Un petit vent souffle sur cette plaine où l’arbre se fait rare. La nuit, en cette saison, voit le thermomètre descendre en dessous de 25°C. Comparés aux 35°C de la journée, cette température me semble glaciale et je m’abrite sous la couverture qui m’a été offerte par la famille d’Oumou. Mohammed, le fils de l’Imam de Djenné, qui a fait le voyage avec moi, me propose de partager la chaleur relative (et la fumée bien présente) d’un petit feu autour duquel se pressent déjà 4 ou 5 personnes transies de froid. Une radio crache quelques notes de musique arabe au milieu d’un concert de bruit blanc. Le froid m’engourdit et je finis par m’endormir sous un million d’étoiles.

6 heures. Quelques coqs en partance pour la marmite lancent un dernier cocorico dans le petit matin. Les étoiles ont disparues et le ciel rougeoie déjà à l’horizon. Il est temps de se lever et de trouver un taxi brousse pour Djenné. C’est encore Mohammed, homme providentiel en la circonstance, qui va trouver, avec l’aide de son frère, un camion en partance. Pour le minibus, il faudrait attendre la mi-journée, et je ne compte pas rester là plus d’une journée. On arrange le prix, je me fais inviter par Mohammed et nous voila parti, coincés à 3 derrière les sièges des chauffeurs.

7 heures. Il aura fallu une heure pour parcourir les 30 km. Nous arrivons au ferry qui traverse l’un des bras du fleuve entourant Djenné. De l’autre côté, Mohammed, son frère et moi partons sur une unique petite moto. 3 personnes plus un sac-à-dos sur une 100cc, voila une expérience que je n’avais pas vécue jusque là. 4 km plus loin, après que les cahots de la route ont copieusement malaxé mon dos fatigué par les heures de bus, nous arrivons à la porte Djenné.

C’est une ville bâtie sur une île, qui a su tirer parti de la route commerciale des touaregs. Ceux-ci commerçaient avec une ancienne ville, Jene-Jeno, située à quelques kilomètres de là. Ils embarquaient les marchandises à Tombouctou sur le Niger et descendaient jusque là. En saison sèche, le niveau d’eau descendant, les marchandises étaient débarquées avant d’arriver à la ville. D’où l’idée de construire une nouvelle ville plus facile d’accès et mieux desservie par le fleuve. Le chef du village eût alors l’idée de construire une mosquée pour accueillir les touaregs. La ville prit rapidement de l’ampleur et, au 12° siècle, accueilli les derniers habitants de l’ancienne ville désormais morte. Djenné est construite sur une île, ce qui l’oblige à s’élever plutôt qu’à s’étendre, et l’on voit plus de bâtiment à étages que partout ailleurs. La grande mosquée est une merveille, entièrement construite de briques de boue et de bois, la plus grande construction de ce type au monde, selon mon guide. Il est vrai qu’elle en impose, dominant la ville et la grand-place du marché, qui lui fait face, de toute sa masse et de toute sa splendeur. Telle est sa beauté qu’elle a servi de modèle à toutes les mosquées de la région.

Précédé de mon guide, je déambule dans les rues étroites, envahies d’ombres presque fraîches, mon appareil photo crépitant à chaque carrefour ou presque. Les explications du guide se mêlent inextricablement à ce que mes yeux me montrent et la ville se découvre petit à petit. Un regard, pris du haut d’une terrasse, me montre un plan de ville torturé, où le moindre espace a été utilisé, où les rues sont si étroites qu’elles disparaissent presque. Au milieu de ces dernières circulent des caniveaux charriant des immondices et d’autres substances indéterminées. Le tout couvre les quartiers d’une odeur fétide chauffée au soleil implacable qui écrase la ville en cette mi-journée. Il est 12 heures et je suis déjà fatigué. Cela fait 3 heures maintenant que nous déambulons. Pygmée (mon guide) m’invite à partager son repas. Nous mangeons « à la malienne », c’est-à-dire ensemble au même plat. Seule concession : on m’accorde une cuiller pour la sauce. Puis, après une courte sieste pour donner au soleil le temps de descendre un peu, je repars à dos de mobylette (à deux, cette fois-ci) vers le carrefour. Mon seul regret ici sera la somme exorbitante demandée par Pygmée. Normalement, un arrangement devait m’éviter de payer quoi que ce soit. En définitive, je repartirai soulagé de quelques 12500 CFA. Le Mali serait un si beau pays s’il n’y avait ces profiteurs ! Ma peau blanche fait de moi automatiquement un multi-millionnaire que l’on peut presser à loisir. Le tourisme ici fait des ravages et la mentalité, jadis fière, de ces hommes aurait plutôt tendance à prendre une orientation bassement mercantile. Je commence déjà à regretter les « hommes intègres ».

16 heures. Je suis au carrefour. 12 heures se sont passées depuis mon arrivée à cet endroit. La lumière n’y change pas grand-chose : c’est un bête carrefour bordé de boutiques. Rien d’autre. J’attends mon bus, qui ne va pas tarder. La visite était particulièrement intéressante. Je ne regrette rien. Ce soir, je dois arriver à Mopti. Mon contact là-bas est « Papa Fréguet », au campement. Deux heures de route. 2000 CFA. Normalement, le voyage aurait dû me coûter 1500 CFA. Encore un petit profit mesquin. Finalement, ce voyage risque de me coûter très cher.