D'Afrique en Asie ... Carnet de route

Voici mon carnet de voyage, qui me permettra de laisser mes impressions tout au long de celui-ci. J'éspère ainsi vous faire partager cette expérience, recueillir vos impressions et les nouvelles de la vie que je laisse derrière moi ... pour un temps.

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Le 1er novembre 2004, je commence un voyage de 10 mois qui me conduira vers des régions magiques que j'ai toujours voulu voir. Je veux partager avec vous ce moment de ma vie, à travers les photos et les commentaires vocaux que je posterai ici, tout au long de ce voyage.

11/14/2004

Ouaga fête le ramadan

Vendredi. Je viens de rentrer de Bobo. Je suis un peu fatigué. Les trajets Gaoua-Bobo et Bobo-Ouaga sont longs et fatiguant. Mais je commence à m’y faire. De plus, dans le bus pour Bobo, j’ai rencontré deux belges qui remontaient vers Ouaga et avaient raté leur bus. Elles espéraient le rattraper avant Pâ, où les routes se séparaient. « C’est l’aventure ! » me disaient-elles. Chance, le bus pour Ouaga a pris du retard et celui de Bobo était en avance. Soulagées, elles m’ont fait de grands gestes par la fenêtre de leur bus lorsque celui-ci se remit en route, quelques minutes plus tard.

Vendredi soir. J’ai récupéré l’ordinateur portable qui me permettra de rattraper mon retard (en fait, toute la balade dans le sud-ouest du pays – Bobo, Banfora, Sindhou, Gaoua …) et de traiter les phots pour les envoyer sur internet. Mais je ne ferai rien avant demain : il faut gérer l’effort. Et là, je me repose. Je savais qu’il me faudrait habituer mon corps à la chaleur et la sécheresse. Au bout de 10 jours, c’est chose faite. Je sais quand m’agiter et quand me reposer. Demain, je passerai la journée à travailler sur l’ordinateur. Le soir, j’irai prendre le dernier repas de carême chez les Bassolé. Dimanche … on verra bien.

Dimanche. J’ai passé mon samedi à trier les photos et à écrire. Aujourd’hui je vais visiter l’église de Dapoya, juste de l’autre côté de la rue. Il est 9 heures. La messe commence. L’église est pleine et refuse du monde. Dehors, un gros haut-parleur retransmet la célébration. J’ai pu me faufiler et trouver une place. Il fait plus frais à l’intérieur, malgré le monde. L’office dure une heure et demie. Il y a eu plus de 10 chants. Les gens se lèvent, agitent les mains, les femmes poussent des cris de joie ressemblant aux cris basques. Il y a des chants en français dont les paroles sont si désuètes qu’elles me font sourire malgré moi. Ce genre de célébration ne fonctionnerait pas du tout en France ! Et pourtant, me dit-on, c’est plein à tous les offices. Ici, il y en a 3 : en moré, en mossi en français. La dernière est la moins remplie. Je connais nombre de prêtres français qui aimeraient avoir des églises aussi « vides » le soir de Noël … Passons.

A la sortie de l’église, je suis attendu par Mme Ouedraogo, la femme du responsable du centre OBP où je loge. Elle m’invite à déjeuner. C’est comme ça partout au Burkina Faso : si vous ne savez pas où manger, attendez. Il y aura toujours quelqu’un pour vous inviter. Chance ? Non. Simple bon sens. Un bonjour, un sourire, un peu de conversation, et la journée est assurée. Je pense qu’il ne tient qu’aux européens que nous sommes de nous retrouver tout seuls. Chez les Ouedraogo, il y a, autour d’une cour intérieure, trois maisons au moins. Dans l’une d’elles, je retrouve Alfred, qui était sur Bordeaux deux ans auparavant. On bavarde, il m’offre l’apéritif. L’alcool étant déconseillé par ces chaleurs, j’accepte une bière. On évoque le passé. Le temps s’écoule. Madame vient me chercher, il est temps de passer à table.

La soirée commence (la soirée débute ici à 3 heures de l’après-midi) et déjà je somnole. Je demande la route. Demander la route, ici ; c’est prendre congé de son hôte. On n’est pas maître de son temps lorsqu’on est invité. C’est à l’hôte d’autoriser le départ. Question de point de vue. De coutume aussi. Arrivé chez moi, je dors un peu, travaille beaucoup et pense aux musulmans. Aujourd’hui, c’est la fête de ramadan ! Comment ai-je pu oublier ? Le prêtre avait prononcé une intention à leur sujet … Je m’habille en vitesse, il est 17 heures, peut-être la fête se prolonge-t-elle, d’autant plus que demain est férié. Je déambule dans les rues vides. Si fête il y a, elle n’est pas là. J’arrive au centre ville, place des Nations Unies. Quasiment vide. Bon. La fête de ramadan n’est pas une fête populaire, c’est une célébration familiale et la rue n’en est pas le théâtre. Je rentre chez moi, légèrement déçu.

Demain, lundi, je dois partir pour Nouna, à l’ouest du pays. Je sais déjà que la personne que j’espérais y rencontrer ne s’y trouve pas. Mais quelque chose me dit que le voyage ne sera pas inutile. C’est sur ces considérations que je m’endors, la tête pleine des mots et des images que je partage avec vous.