D'Afrique en Asie ... Carnet de route

Voici mon carnet de voyage, qui me permettra de laisser mes impressions tout au long de celui-ci. J'éspère ainsi vous faire partager cette expérience, recueillir vos impressions et les nouvelles de la vie que je laisse derrière moi ... pour un temps.

Ma photo
Nom :

Le 1er novembre 2004, je commence un voyage de 10 mois qui me conduira vers des régions magiques que j'ai toujours voulu voir. Je veux partager avec vous ce moment de ma vie, à travers les photos et les commentaires vocaux que je posterai ici, tout au long de ce voyage.

11/29/2004

Le Pays Dogon

Ce n’est que jeudi matin que Modibo me retrouve à m’hôtel « Y’a pas de problème ». Il a eu un empêchement à Bamako et n’a pas réussi à me joindre ou à laisser un message pour moi. J’accepte ses explications. De toutes façons, qu’y puis-je ? Et puis, il est là, nous partons ce matin, et c’est bien là l’essentiel.

Taxi brousse de Mopti à Bandiagara. C’est mon premier. C’est une Peugeot (les taxi brousse qui ne sont pas de Peugeot ne sont pas de vrais taxi brousses) 404 break familiale (à 3 rangées de sièges, donc). La voiture est déjà pleine, la galerie de toit disparaît sous les bagages. Il ne reste que le siège passager à l’avant du véhicule. C’est là que nous nous installons, Modibo et moi. Je me retourne et compte les passagers. 3 devant, 3 au milieu et 3 femmes à l’arrière, chacune tenant un enfant sur ses genoux. 12 en tout ! Bien évidemment, pas de ceinture, les sièges sont fatigués et éventrés et le tableau de bord n’est plus qu’un vague souvenir. Mais la voiture s’ébroue et, avec une infinie lenteur, commence à accélérer. Les 12 km de route goudronnée qui nous séparent de Sévaré sont parcourus assez rapidement. Je ne peux pas en dire autant des 63 km de piste qui nous conduisent à Bandiagara. Le moteur cale dans une montée, nous sommes obligés de descendre, le chauffeur remet de l’eau dans son réservoir percé, laisse refroidir un peu son moteur et redémarre. Quel que soit le véhicule, c’est toujours la même impression : le trajet est en soi une aventure et l’on en perd tout le charme si l’on ne s’intéresse pas au paysage qui défile (lentement) sous nos yeux. C’est ainsi que nous passons au-dessus d’une rivière où ne coule en cette saison plus que du sable et ne charrie plus que des troupeaux de zébus. Cette vision de sable blanc remplissant le lit d’une rivière bordée de terre rouge et de quelques arbres au feuillage rare me fait rapidement oublier la lenteur désespérante du véhicule et le temps finit même par me paraître court. C’est que, l’habitude aidant, je finis par ne plus compter les heures.

Bandiagara est au cœur du Pays Dogon, affirme une pancarte à l’entrée du village. Cependant, la partie touristique étant située à l’est sur la falaise, il s’agit plus d’un camp de base qu’autre chose. Pourtant, Modibo me dit que la visite commence par là. Et de me mettre entre les mains d’un cousin, guide de son état, le temps pour lui de « prépare le reste du voyage ». Il est vrai que, depuis notre arrivée, Modibo fait sensation. L’enfant du Pays revient chez lui en patron et toute personne le croisant l’arrête pour le saluer et lui demander des nouvelles. Si je visite la ville avec lui, je n’aurai pas fini ce soir. Nous partons donc à la découverte de la première ville Dogon. L’histoire est assez simple. Un homme par à la recherche de sa sœur, enlevée et épousée par un chasseur. Arrivé dans la forêt, l’homme est perdu et est en train de mourir de faim et de soif lorsque deux événements se produisent : il entend un coup de fusil (à quelle période se situe l’action ?) et son chien flaire une étendue d’eau. L’homme décide de construire une maison et de s’installer là. Il construit également « une case à palabres », au toit surbaissé et sous la quelle il invite le chasseur à venir pour trouver une solution.

Le village Dogon est organisé autour d’un certain nombre de bâtiments. Tout d’abord, la « tête » : une « case à palabre », sorte de monticule de branchages sur pilotis, sous lequel on s’installe pour discuter. Le plafond est si bas qu’il est impossible de se tenir debout. Ainsi, si la conversation s’anime un peu trop et que l’un des protagonistes se dresse brusquement, le lourd toit de la construction le rappelle aussitôt à l’ordre. Ensuite, les « poumons » : une maison à la devanture couverte de niches où sont posés des souvenirs. Il s’agit de la maison des anciens. C’est ici que s’installe le plus ancien représentant d’un village ou d’un quartier, ainsi que sa famille. A la mort de l’ancien, la famille déménage et c’est la famille du nouveau doyen qui s’installe à son tour. Il y a également le « nombril » du village. C’est une case sans fenêtre entourée d’un cercle de pierre délimitant un « no man’s land ». Dans cette case s’installent les femmes lorsqu’elles sont sur le point d’accoucher ou, plus simplement, lors de leurs menstruations. Elles sont alors considérées comme impures et ne peuvent participer à la vie du village et sont donc mises à l’écart. Puis viennent les « pieds ». Il s’agit de la case du forgeron. Le forgeron occupe une place centrale dans la vie d’un village Dogon. C’est lui qui procède aux circoncisions et excisions (qui sont encore pratiquées fréquemment dans toute la sous-région), lui qui trouve l’eau et fore les puits, lui encore qui fabrique les portes des greniers et leurs fermetures. Viennent enfin les « bras ». Ce sont les fétiches censés protéger, entourer et supporter le village. Toute personne entrant dans un village Dogon avec de mauvaises intentions est censée les perdre en passant devant le fétiche. Ainsi, les villageois peuvent accueillir sereinement l’étranger. Dans tout village Dogon (et Bandiagara n’échappe pas à la règle) on retrouve, sous une forme ou une autre, ces 5 éléments, base de la société.

Le soir arrive. Je suis logé dans la famille de Modibo. Sa mère, sa sœur, ses cousins, neveux et nièces, vivent ici, dans des chambres entourant une cour intérieure qui sert à la fois de cuisine, de fabrique de Dolo, la bière de mil, de salle de séjour et de salle à manger. Au fond de la cour, une salle de bains (pièce équipée d’un canari, de patènes et d’un petit banc de bois, et dont l’un des murs est percé à la base pour l’écoulement de l’eau) sert d’antichambre aux toilettes (pièce nue équipée d’un trou en son centre). A côté, une grange à ciel ouvert abrite des poules et des moutons de grande taille). C’est dans ce repaire que vivent deux personnes dont je fais la connaissance et qui m’interpellent. Tout d’abord, le cousin de Modibo. Il a réussi l’ENA malien, possède une licence en droit et voudrait étudier en France. Ensuite, Yadomo, la nièce de Modibo, qui est au lycée et souhaiterait terminer son second cycle également en France. Le courage et la volonté de ces deux personnes me touchent beaucoup. J’aimerais pouvoir faire quelque chose pour elles. Nous échangeons nos coordonnées. Je promets de me renseigner et de faire passer le message.

Le lendemain, nous partons pour la falaise. Le trajet de 12 km qui nous séparent du premier village, Begnimato, est constitué d’une piste mi-terre mi-pierre assez mauvaise et qui constitue un calvaire pour les suspensions de la voiture qui nous transporte. Nous mettons plus d’une demi-heure à parcourir ce chemin, parfois uniquement repérable à l’aide des pierres qui le balisent, pour arriver dans un hameau de trois ou quatre maisons. Là, nous déposons des caisses de sodas (il n’y a pas de petit profit) pour les dogons et nous sortons les sac-à-dos. Modibo m’a prévu un porteur. Ce dernier est vieux et chétif et je doute qu’il arrive à porte les 25 kg de mon sac. Mais sa vitalité est surprenante et c’est même avec quelques difficultés que je l’ai suivi le long des 3 km qui nous séparaient encore de Begnimato. Le trajet passe par des étendues caillouteuses balayées par les vents. Nous sommes en fait sur un plateau. Devant nous, une falaise haute d’une vingtaine de mètres surplombe un plateau intermédiaire où j’aperçois des champs, des baobabs et, au bout, un village composé de 3 hameaux : un quartier animiste, un quartier musulman et un quartier chrétien. Begnimato. Nous établissons dans ce dernier quartier notre campement. C’est un village très propre, comparé aux villes précédemment traversées. Il y a même des poubelles. C’est également un village traversé par de nombreux touristes venus se poser, manger ou se reposer un moment. Mais pour bien comprendre la vie ici, il faut y passer la nuit, et c’est ce que nous allons faire. Après un bon repas et une non moins bonne sieste, Modibo m’invite à parcourir quelques kilomètres en direction d’un village typique Dogon situé à trois kilomètres de là. Il y en a pour un peu moins d’une heure de marche à travers les cailloux et le sable. Nous partons en début d’après-midi. Le temps est sec et assez clair compte tenu de la saison. Il ne fait pas trop chaud, à peine 33°C. Un temps idéal pour la marche. Je transpire à grosses gouttes quelques minutes à peine après notre départ. Même Modibo, qui m’avouera ne pas avoir pratiqué la marche depuis un moment, semble fatiguer. Seul le petit gamin porteur d’eau qui nous accompagne ne semble pas affecté. Il est né ici, ceci dit.

Au bout de ¾ d’heure nous arrivons à l’orée d’un village ramassé sur un éperon rocheux. Il me fait, allez savoir pourquoi, à ce petit village d’irréductibles gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur. Ici, l’envahisseur serait plutôt le progrès. Mais, aussi éloigné des routes commerciales, le progrès ne peut leur parvenir qu’à travers le tourisme. De ce côté-là aussi, ce village semble bien armé pour se défendre. La route est quasiment impraticable et longue à parcourir. Et même à pieds, il faut vraiment savoir où aller pour le trouver. Ce village (Iendourou, me semble-t-il) est au bord de la falaise. Un rocher le surplombe, qui donne une double vue, sur le village et sur le vide. Vraiment impressionnant. De là, on peut tout voir du village : les cases à palabres, les ghindo (maison des anciens), les maisons de femmes, le forgeron. Seuls les fétiches, trop petits par rapport aux maisons, sont invisibles, mais j’en ai passé un en entrant dans le village.

Notre guide pour le village est le maître d’école. Depuis la réforme, il y a une école dans chaque village du Mali. Hélas ! Si les bâtiments et les élèves sont là, les cours ne suivent pas. Manque de maîtres, manque de cahiers, de crayons, de livres … Ici, il manque même le toit des deux classes, emporté par les dernières pluies. Pendant la saison sèche, l’école est possible, mais dans un mois ou deux, lorsque soufflera l’harmattan … La situation est grave. Il n’y a que 2 sections, la 2° et la 4° (l’école au Mali se décompose en 12 sections, numérotées de 1 à 12 et correspondant à nos classes de CP à terminale). Cette année, il n’y a donc pas eu de recrutement en 1°. L’année prochaine, la réforme impose une section supplémentaire. Les 2° passent tous en 3°, les 4° en 5° et une section 1° est créée. Mais il n’y a pas de professeur, et les maîtres sont financés par le village qui n’a rien. Un maître gagne ici moins de 25000 CFA (38€) par mois … Pas encourageant. L’année dernière, un maître un peu meilleur que les autres a été remarqué par un adjoint au ministre et déplacé dans un village plus important. C’est beau d’avoir la volonté de former sa jeunesse, mais lorsqu’on manque de tout à ce point, ça tient du miracle. Tout le Pays Dogon est dans ce cas-là. Ici, le cas est extrême, c’est vrai, mais il est hélas assez représentatif. A Begnimato, il y a également 2 classes, mais l’un des professeurs est payé par l’état. J’imagine nos petits écoliers mettant à la poubelle des cahiers à peine entamés et mâchonnant et démontant des stylos bille parfaitement fonctionnels … N’y a-t-il réellement rien à faire ? Je prends les coordonnées du maître, à tout hasard. Encore une mission humanitaire à monter, encore un challenge. Ici, il n’y a qu’à ouvrir les yeux pour trouver aussitôt de quoi s’émouvoir, de quoi réfléchir, de quoi se poser des questions sur nos différences.

Je reviens le soir à Begnimato. Avec Modibo, nous parlons avec le maître d’école jusqu’à une heure avancée du soir, autour d’un thé qui, je le sais, m’empêchera de dormir. Mais comment refuser l’hospitalité de ceux qui ont tant de besoins ? Je suis très loin de Mopti et de la sauvagerie de ses commerçants. Ici, je respire la sincérité. Est-ce une illusion ? Le souvenir du tableau noir où trônait la leçon de français émaillée de fautes d’orthographes me convainc du contraire.

Le lendemain, nous descendons dans la vallée par le tracé d’un cours d’eau asséché en cette saison. Au fur et à mesure de la descente, le climat change. Je m’aperçois qu’il y avait un peu d’humidité en haut. Ici, l’aridité transforme les champs de mil en champs de sable. Les baobabs côtoient de rares manguiers autour de points d’eau. La surprise vient de la falaise que nous longeons. De petites cavités perchées à mi-hauteur attirent mon regard. On dirait des postes d’observation, de petites cahutes borgnes. Ce sont les maisons des Telems, les pygmées, qui vivaient ici avant les Dogons. Ces derniers les ont chassés et ont créé des villages à flanc de falaise, pour se protéger des agresseurs de la plaine. Mais ils n’ont pas construit dans des endroits aussi inaccessibles que les Telems. Incroyable de voir, au millieu d’une paroi que l’on croit inaccessible, toute une série de cases accrochées on ne sait comment. On dit que ces pygmées savaient voler, et à voir ces constructions impossibles, je commence à y croire.

Après 15 km de marche dans le sable de la plaine, nous arrivons à Endé, un bourg un peu plus important que les autres et servant de campement aux touristes de passage. Ici, la route est praticable et les 4x4 et motos sont nombreux. Le touriste faisant halte ici peut avoir choisi un circuit de luxe. C’est ainsi que nous tombons sur une dizaine de hollandais. Ils sont venus avec leurs voitures, leurs affaires, leur nourriture … Je souris en les voyant ainsi : où qu’ils aillent, c’est la même chose : ils emportent tout avec eux. Je croyais qu’il n’y avait que sur les plages de l’Atlantique où ils se comportaient ainsi, mais je m’aperçois qu’il n’en est rien. En parcourant la ville, je comprends l’influence du tourisme sur la population. Partout, sur tous les murs, dans toutes les cours, on fabrique des tissus de coton, on les teint, les femmes font l’indigo qui leur donne des mains bleues indélébiles. Tout un quartier de village (Endé en comporte 4) entièrement dévoué à cette industrie. Il y a 10 ans, me confie Modibo qui m’accompagne, il n’y avait rien de tel ici. Uniquement une activité traditionnelle. Et de pousser un long soupir de déception.

Demain, c’est jour de marché à Endé. Nous décidons donc de ne pas quitter le village et d’y passer la nuit. J’en profite pour parler avec les hollandais, des belges, des français, tous touristes enchantés de leur circuit mais dont aucun ne peut me dire comment s’appelle leur hôte, Ali. Je comprend qu’il y a encore une leçon à tirer de ceci : le touriste apporte une modification à l’environnement qu’il traverse, mais ne fait aucun effort (en général) pour le découvrir autrement qu’avec les yeux. Ce soir, je m’attablerai dehors, avec le petit marchand du coin, et je jouerai avec lui a l’Awele et aux cartes. Demain, en repartant, Modibo me dira que je suis le premier Toubabou (blanc) à me comporter ainsi. Il y a de la fierté dans sa voix. Il y en a aussi dans mes remerciements.

Dimanche matin. Le marché ne commence qu’après midi. J’ai donc tout mon temps. J’en profite pour grimper sur la falaise, pour découvrir le village incrusté. La montée est rapide mais assez difficile. De grandes enjambées me sont nécessaires pour suivre le jeune dogon d’une dizaine d’années qui me précède. Vivre ici doit vous donner une santé à tout épreuve et une aptitude naturelle au parcours de sentier de montagne. Mais la récompense à l’arrivée est à la mesure de l’effort. C’est tout simplement magique. A travers les ouvertures des cases perchées ainsi, au milieu des pierres branlantes leur servant de support, toute la vallée s’étale jusqu’à des kilomètres. Au-dessus, la roche en surplomb rend les constructions invisibles de la corniche. La position est idéale. De plus, le soleil n’éclaire la façade que le matin, lui assurant une relative fraîcheur. De l’eau de source surgit du fond des caves intégrées au village. Les greniers pouvaient engranger jusqu’à 7 années de récoltes. Les Dogons étaient bien défendus. Attisé par la vue magnifique, je presse mon guide à monter plus haut encore, au 2° village perché. La montée est un peu plus dure, mais, tout comme la première, cette vue récompense l’effort consenti. Je suis à présent au niveau des cases Telem, qui se trouvent sur ma gauche et sont inaccessibles. Mais comment ont-ils fait ? J’ai bien vu les cordes faites d’écorce de baobab qui leurs servaient, mais ça n’explique pas tout. Du haut, la descente en rappel est impossible à cause du surplomb. D’en bas, il faut être équipé pour grimper jusqu’aux cases. Alors pour y acheminer du matériau de construction … La réponse vient de cette française, championne de varappe, qui est venue à bout du piton rocheux situé à quelques centaines de mètres d’Endé. C’est donc possible, mais ça signifie que chaque pygmée était un champion d’escalade … Impressionnant.

Le marché est tel que me l’avait décrit Modibo : joyeux, bruyant, chaotique et haut en couleurs. De midi à 14 heures, les marchands (pour la plupart des femmes) apportent, qui en charrette, qui à dos d’âne, qui sur la tête, des marchandises de toutes sortes : savon et dentifrice, pantalons et chemises, matériel de réparation pour véhicules, légumes, salades, fruits, dolo, piments … Je m’assois sur un rocher surplombant légèrement le marché et fais un inventaire à la Prévert. Une heure de cette observation me tourne la tête. Il me faut encore plusieurs minutes pour détacher mon regard de cette agitation. Et c’est alors que je m’aperçois que personne n’est venu me déranger, que pas un gamin ne m’a gratifié d’un ‘Toubabou’ interrogateur, que tout le monde est à son affaire et m’a laissé à l’orée du bois. Je décide de pénétrer le cercle une dernière fois, d’établir le contact. Prudemment, une vieille femme me tend une calebasse. Je demande à la cantonade quel est ce breuvage. Personne ne possède assez de français pour me répondre. Tant pis. Je paye (100 CFA, pour une fois un prix abordable) et goûte à la calebasse. Du jus de raisin. Indéniablement. Comment fait-on du jus de raisin dans un pays où le raisin ne pousse pas ? Interrogé à ce sujet, mon guide me dira que le raisin est bien cultivé, mais timidement, car il ne donne pas du fruit partout.

Retour au village. J’ai les yeux, les oreilles et la bouche pleins de ce marché. Nous pouvons partir pour Teli, avant-dernière étape du parcours. Les 5 km qui nous séparent sont éprouvants. Nous marchons au soleil, il fait chaud et sec, un petit vent soulève le sable devant nous et nous le projette à la figure … Je suis obligé de demander une pause à 1 km de l’arrivée. Je n’en peux plus. Mon genou droit chauffe et j’ai peur de trop le solliciter. Finalement, nous arrivons au village vers 17 heures, une heure et demie après notre départ d’Endé.

Autre village, autre ambiance. Ici, nous sommes les seuls touristes. Après la visite des rues, de la mosquée (type Djenné, comme toujours) et de la falaise, nous nous installons au campement pour y passer la nuit. Le responsable nous offre le thé : je ne dormirai pas beaucoup cette nuit. Puis, à la nuit tombée, nous mangeons. De nombreux jeunes sont venus nous regarder, nous écouter. Modibo a ici une sacrée réputation. On lance des sujets. Un gamin arrive, vêtu d’un T-shirt de contrefaçon. Je lance une remarque et le débat commence. Comment ? Il y a une réglementation pour ça ? Il y en a pour tout. Cette conversation, ce petit cours d’économie de marché, va nous amener jusqu’à minuit. Demain, départ 7 heures. Il est temps de dormir. Je me suis installé sous une espèce de tonnelle, et m’endors en comptant les étoiles.

Nous sommes lundi. Ces journées n’ont passé que trop vite. Nous rejoignons la route qui passe au pied de Kani-Komblé, dernier village du circuit. Rien à en dire, si ce n’est que, après quelques paroles échangées avec Modibo, notre hôte part dans sa réserve et en ressort avec un chapeau Dogon typique. Cadeau, me dit-il. Je n’y crois pas. Ici, au Mali, un cadeau ? Ce Pays dogon est décidément très différent du reste de la région. J’accepte avec émotion et me coiffe de la parure. Et c’est ainsi chapeauté que je pars vers Bankass, dans l’espoir de rallier Ouaga dans la soirée.

J’arrive à Bankass vers 10 heures du matin. Il me faudra attendre 13h30 pour attraper un taxi brousse. Mon bus part de Koro à 15 heures pour Ouaga. La route est si mauvaise que le taxi est obligé d’emprunter, quasiment sur tout le trajet, un chemin parallèle que seuls les camions et les bus ne peuvent emprunter. Après deux ensablages nous contrignant à pousser le véhicule, nous arrivons à Koro légèrement en retard. Je pousse un soupir de soulagement en voyant le bus, toujours à l’arrêt. J’ai de la chance. Je paie le prix du billet (5000 CFA) et manque m’étrangler : il me reste 50 CFA. Pas de quoi m’acheter à manger, encore moins pour payer le taxi à Ouaga. Et la gare de la SoGeBaf est à l’autre bout de la ville par rapport à ma chambre ! Tant pis, je ne peux rien y faire. Personne ne change d’euro, aucune banque ne veut de mes traveler chèques, il faudra bien faire avec. Nous partons. Inutile de m’inquiéter avant l’heure, je décide donc de dormir.

23h30. Arrivée à Ouaga après un voyage sans histoire, si ce n’est une incroyable pause de 2 heures à Ouahigouya. Comment faire ? Aux traditionnels « taxi monsieur ? », je décid de répondre par la franchise : je n’ai plus assez d’argent, alors si vous voulez bien m’indiquer la route … Et une fois de plus la Providence vient à mon aide, sous la forme cette fois d’une imposante femme avec qui j’ai fait tout le voyage depuis Koro. Elle connaît ma situation, elle va dans le même quartier que le mien (Dapoya) et décide de m’offrir le taxi. Je la remercie chaleureusement et l’aide à porter ses bagages. Nous partons. Il est minuit, j’arrive à OBP, crotté, fatigué, endormi, mais heureux d’être de retour.

J’ai aimé ce voyage au Mali. Il m’a fait découvrir, par comparaison, la chance que j’ai d’être ici, au Burkina Faso. Je vais y passer la fin de la semaine, pour tout raconter, pour montrer les photos, pour préparer mon prochain mouvement : le Ghana. Je pars samedi prochain pour Pô et le Ghana, que je traverserai en une semaine, si tout va bien. Mais l’expérience de la région me montre que tout tracé a tendance à être largement modifié. A moi de mieux me préparer.

7 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Salut Pascal,

Je reste suspendue à chacun de tes récits ! C'est mon oxygène (quasi) quotidien.
Surtout ne t'arrête pas !
Tel que tu le racontes le pays Dogon est encore plus beau qu’à la télé.

A très (très) bientôt à te lire.
Christine (du très très très loin CSN...)

5:39 PM  
Anonymous Anonyme said...

bonjour Pascal je fesais une recherche sur petite annonce classée et je suis tomber sur votre page que je trouve interessante . ceci m'a donne une idde de poursuivre mes recherche sur le mot Le Pays Dogon ou bien sur le mot petite annonce classée , je voudrais juste rajoute que je suis tomber sur http://www.prixdepot.com que je trouve aussi tres interessant alors visite si vous avez le temps

merci

6:22 AM  
Anonymous Anonyme said...

bonjour Pascal je fesais une recherche sur annonces voiture occasion et je suis tomber sur votre page que je trouve interessante . ceci m'a donne une idde de poursuivre mes recherche sur le mot Le Pays Dogon ou bien sur le mot annonces voiture occasion , je voudrais juste rajoute que je suis tomber sur http://www.prixdepot.com que je trouve aussi tres interessant alors visite si vous avez le temps

merci

3:35 PM  
Anonymous Anonyme said...

bonjour Pascal je fesais une recherche sur annonce classée et je suis tomber sur votre page que je trouve interessante . ceci m'a donne une idde de poursuivre mes recherche sur le mot Le Pays Dogon ou bien sur le mot annonce classée , je voudrais juste rajoute que je suis tomber sur http://www.prixdepot.com que je trouve aussi tres interessant alors visite si vous avez le temps

merci

3:39 AM  
Anonymous Anonyme said...

bonjour Pascal je fesais une recherche sur annonces et je suis tomber sur votre page que je trouve interessante . ceci m'a donne une idde de poursuivre mes recherche sur le mot Le Pays Dogon ou bien sur le mot annonces , je voudrais juste rajoute que je suis tomber sur http://www.prixdepot.com que je trouve aussi tres interessant alors visite si vous avez le temps

merci

3:54 AM  
Anonymous Anonyme said...

bonjour Pascal je fesais une recherche sur annonce classée et je suis tomber sur votre page que je trouve interessante . ceci m'a donne une idde de poursuivre mes recherche sur le mot Le Pays Dogon ou bien sur le mot annonce classée , je voudrais juste rajoute que je suis tomber sur http://www.prixdepot.com que je trouve aussi tres interessant alors visite si vous avez le temps

merci

1:09 AM  
Anonymous Anonyme said...

bonjour Pascal je fesais une recherche sur petites annonces classées et je suis tomber sur votre page que je trouve interessante . ceci m'a donne une idde de poursuivre mes recherche sur le mot Le Pays Dogon ou bien sur le mot petites annonces classées , je voudrais juste rajoute que je suis tomber sur http://www.prixdepot.com que je trouve aussi tres interessant alors visite si vous avez le temps

merci

5:06 AM  

Enregistrer un commentaire

<< Home