D'Afrique en Asie ... Carnet de route

Voici mon carnet de voyage, qui me permettra de laisser mes impressions tout au long de celui-ci. J'éspère ainsi vous faire partager cette expérience, recueillir vos impressions et les nouvelles de la vie que je laisse derrière moi ... pour un temps.

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Le 1er novembre 2004, je commence un voyage de 10 mois qui me conduira vers des régions magiques que j'ai toujours voulu voir. Je veux partager avec vous ce moment de ma vie, à travers les photos et les commentaires vocaux que je posterai ici, tout au long de ce voyage.

12/04/2004

Départ pour le Ghana

Tout finit par arriver, et le temps de mon départ du Burkina, événement aussi inéluctable que le passage du temps, vient d'arriver. Je suis à la gare routière au sud de la ville. Il y a une gare routière par grande direction, plus une pour chaque grande compagnie de bus. Avec Marc, nous avons donc mis un peu de temps à la trouver. Elle est en fait judicieusement située derrière une station Total extrêmement florissante, allez savoir pourquoi.

Prendre un bus pour le Ghana n'est pas difficile en soi. Toutes les compagnies respectables desservent Accra depuis Ouaga (24 heures de route, tout de même). Non, le problème vient plutôt de la difficulté à éviter tous ces comis très "attentionnés" qui, pour un prix ridiculement élevé, vous prennent de force votre bagage pour vous aider à parcourir les 5 mètres qui vous séparent du quai de départ. "Non merci, je le ferai moi-même" étant la seule réponse possible, ces comis n'hésitent pas à se ruer sur vous sans vous demandez votre avis. C'est assez amusant, finalement, de voir surgir d'on ne sais où ces gamins, poussés par l'espoir d'un gain facile, se ruer sur vous et, à quelques mètres de vous, se bousculer presque violemment pour avoir le privilège de se voir refuser un "service" dont on n'a nul besoin. Ce n'est pas du cynisme que d'écrire cela, ce n'est que le reflet de la réalité. La première fois, on se laisse surprendre. Un gamin vous porte vos affaires, vous le remerciez et lui vous demande l'équivalent du prix du voyage. La deuxième fois, on se méfie mais il faut s'y prendre à deux fois avant de se faire comprendre. A la troisième, on se fâche. Puis on finit par trouver ça amusant. Donc, pendant que les gamins se disputent le droit de toucher mes affaires, Marc prend d'autorité mon sac, je prend l'autre et nous voilà 5 mètres plus loin, sur le quai de départ.

Là, deuxième problème : quelle compagnie choisir ? Celle de ce gars qui, telle la sangsue, vous propose de monter dans un bus vide au moteur éteint (mauvais signe) en prétextant qu'il part "tout de suite" ? Ou bien peut-être se renseigner au monsieur assis devant une table jonchée de billets de tout prix et de toute couleur et qui, en vous voyant, prend d'autorité la liasse de billets comprenant les montants les plus élevés ? Là encore, un brin d'expérience permet de s'en sortir. "Je ne sais pas encore" est la bonne réponse à toute question posée. Je ne sais pas encore si je pars, je ne sais pas encore quand je pars (ça, c'est plutôt vrai) et ne sais pas encore où je pars. Donc nous voila à la recherche de la "vérité" : quelle est la compagnie qui pars bientôt, quel est le bon prix, quelle est la qualité des bus. Trois éléments importants. Surtout à 6 heures du matin, au lever du soleil, après une nuit passablement courte. Finalement, au bout d'une demie-heure d'attente (pour trouver la "vérité", il suffit d'attendre, elle vient toujours à vous), nous sommes fixés. Ce sera la STBF, en car climatisé, pour 11000 CFA, départ dans ... quelques minutes, lorsque le car arrivera. Parfait. Nous avons donc largement le temps d'aller prendre le thé. Ce moment, où plus rien ne se dit que les banalités que l'on se dit avant de se quitter, n'a jamais été mon fort. Apparemment, c'est la même chose pour Marc. Nous voila donc, chacun dans ses pensées, chacun dans son verre, attendant que le temps, cette notion si chère à nous autres européens et si inutile ici, en Afrique, veuille bien passer son chemin et nous laisser tranquille, pour une fois.

Finalement, le bus arrive. Tout neuf et tout blanc (je gage qu'avec la poussière il ne le restera pas bien longtemps), il a fière allure au millieu des épaves environnantes. Je me retourne vers mon sac, déjà aux prises avec les incontournables "porteurs sur 30 mètres", comme je les appelle désormais. Un gamin, qui a soulevé mon sac et l'a reposé sur mon intervention (un peu trop virulente à mon avis) me réclame 5000 CFA. Je décide de l'ignorer. Il ne se calmera pas avant le départ du bus. Tout va très vite. Je laisse au chargeur "officiel" du bus le soin de mettre mon bagage dans les soutes, j'ai tout juste le temps de faire un signe lointain à Marc, resté au comptoir du bar pour finir son café et, dans le bruit assourdissant du klaxon du bus appelant les retardataires, je regagne ma place. L'intérieur valant l'extérieur, je me relaxe aussitôt le bus parti. Pô n'étant plus ma destination, mon prochain arrêt sera dont Tamale, au Ghana, où je passerai la nuit. Nous sommes dimanche, il est 7h30 du matin. La route (goudronnée) s'ouvre vers le sud et laisse Ouaga et ses faubourgs qui n'en finissent plus s'éloigner vers le nord. Je vois au loin Ouaga 2000 étaler ses richesses européennes, qui fut le théâtre du X° sommet de la francophonie quelques jours plus tôt, alors que j'étais au Mali. Puis c'est l'inévitable succession de barages (Police, Gendarmerie, Douanes, Péage), avant de s'élancer à travers la campagne près-sahélienne du sud du pays.

La route est bonne. Le bus file bon train, sans trop de bruit. Je suis fatigué. Je m'endors.

Un couple d'heures plus tard, nous voilà à la frontière. Tout le monde descend. Contrôles. Ce coup-ci, mon visa est en règle. Je l'ai fait faire 2 jours plus tôt. Des "changeurs", les poches pleines de billets de toutes coupures, se ruent sur nous en nous proposant des taux de changes "avantageux" entre le CFA et le Cedi. J'ai été averti de la mentalité générale des ghanéens et me méfie. Je me tourne vers le responsable du voyage. Il me dit que le change est plus avantageux de l'autre côté de la frontière. soit, j'attendrai. De l'autre côté, donc, quelques minutes plus tard, je retrouve exactement les mêmes changeurs qui ont passé la frontière en suivant notre bus sur 500 mètres. Le change est de 10000 Cedis pour 1 euro, ou de 16 Cedis pour 1 CFA. Je change les 11000 CFA qui me restent, soit 176000 Cedis. La coupure maximum proposée ici étant de 5000 Cedis, je me retrouve rapidement avec un paquet de billets dont je ne sais trop que faire. 10000 Cedis pour 1 euro, voilà qui va simplifier les calculs. Comme il est dit dans mon guide que le Ghana est un pays très bon marché, je vais essayer d'en profiter pour faire quelques économies. Ce début de voyage m'a surpris quant à son coût : je ne m'attendais pas à ce que la vie en Afrique de l'ouest soit si chère. A cause de la flambée du pétrole, le prix des voyages a presque doublé un peu partout, et certains produits, y compris ceux de première nécessité, sont proposés à un prix tout-à-fait comparable à ceux pratiqués en France.

Sur ces considérations pratiques, notre bus redémarre. Comme à mon habitude maintenant, je demande des renseignements autour de moi, espérant trouver quelqu'un descendant au même arrêt que moi et connaissant la ville. Et comme d'habitude, je finis par trouver quelqu'un. C'est une femme qui parle français (sa famille ghanéenne ne parle qu'anglais) qui se propose (toujours ce sens du service) de m'aider à trouver un hôtel. Nous parlons et, forcément, nous sympathisons. Le trajet s'en trouve considérablement raccourci et, lorsque nous arrivons à Tamalé, je ne me fais plus aucon souci : le fr_re de la femme possède une moto, nous allons faire le tour des hôtels bon marchés et, lorsque j'aurai trouvé mon bonheur, nous retournerons chez elle où un taxi de ses amis viendra me chercher avec mes bagages. Dont acte. Deux heures plus tard, me voici installé dans un hôtel du centre, qui a la particularité de posséder des fours à la place des chambres. On ne sais comment, ici, la température à l'intérieur des chambres est de 8 à 10 degrés plus élevée qu'en extérieur, ce qui fait qu'elle culmine, au moment où je m'installe à l'intérieur de la mienne, vers les 38°C. Ca doit tenir aux baies vitrées ouvertes sur la cour intérieur bétonnée et exempte de toute verdure. Bon, on verra bien ce soir. J'allume le ventilateur qui brassera de l'air chaud toute la soirée et je vais prendre une douche.

J'ai changé de monde. Si la physionomie de la ville ressemble à toutes celles que j'ai vues jusqu'ici dans la sous-région, elle m'apparaît indéniablement plus riche et mieux entretenue. Les gens parlent anglais. La publicité est plus présente également. Je reconnais certaines marques, et d'autres me semblent à la limite de la légalité (telle, entre autres, l'eau de VOLTIC, eau de source naturelle du Ghana). Un monde nouveau à découvrir. Des gens parlant anglais avec un accent africain. Bref, un nouveau challenge.